CAPITALES ANGKORIENNES-N°4

INTRODUCTION

Dans ce quatrième et dernier épisode, nous terminons par la grandissime capitale construite à l'apogée de l'Empire Khmer, connue aujourd'hui sous le nom d'Angkor Thom.

Cet article clôt la série des publications dédiées aux Capitales Angkoriennes et leurs temples, résumant ainsi près de 14 siècles d'histoire du Royaume et de ses légendes, du début du 1er siècle à l'an 1432, date de l'abandon d'Angkor.

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Pour rappel, dans le premier épisode, nous avons évoqué les premières capitales de l'Empire khmer :

  • Nokor Kok thlok (Ie au Ve siècle) connue aujourd'hui sous le nom d'Angkor Borei ;
  • Ishanapura (VIe au VIIIe siècle) connue sous le nom de Sambor Prei kuk ;
  • Hariharālaya (VIIIe au IXe siècle) connue sous le nom de Rolûos ; et
  • Mahendraparvata (IXe au Xe siècle) plus connue par la montagne sacrée qui l'abrita : Phnom Kulen.
    Episode N°1 : http://faq.e-monsite.com/pages/informations-generales/capitales-angkoriennes-n-1.html


Puis, dans le deuxième épisode, nous avons abordé les deux capitales du Xe et XIe siècle, 

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Dans le précédent épisode (N°3) nous avons évoqué qu'après la chute de YAŚODHARAPURA, le futur roi Jayavaraman VII avait levé une armée contre l'ennemi et envahisseur, les Chams.

La bataille fut sanglante et le Roi des Chams perdit la vie par l'épée, sur la plaine d'Angkor (voir ci-après).

Jayavaraman VII chassa l'ennemi hors de l'Empire, le poursuivant sur sa propre terre. Après deux années de longues batailles, il annexa à nouveau le Champa, puis revint à Yaśodharapura pour reconstruire la capitale, qu'il nomma : MAHÃNAGARA.

Episode N°3 : http://faq.e-monsite.com/pages/informations-generales/capitales-angkoriennes-n-3.html

 

LES TEMPLES D'ANGKOR - JUSQU'A PHNOM KULEN

Temples d angkor 2

Angkor Thom

Angkor kr 1 1 1

Angkor Thom reconstituée.

De même que pour Phnom Kulen et Angkor Wat, la technologie LIDAR a révélé la ville d'origine d'Angkor Thom.

LIDAR = Laser Imaging Detection and Ranging.

 

Angkor thom re constitue

Mahānagara (fin XIIe - XIVe Siècle)

En l'an 1180, Jayavarman VII fit ériger des remparts autours des édifices existants tels que : le Palais Royal, le Phimeanakas, la Terrasse des éléphants, Preah Palilay, Tep Pranam, et le Baphuon.

Ce fut la renaissance d'Angkor et la création d'Angkor Thom, avec son énigmatique temple "Bayon" et bien d'autres que nos allons découvrir.

Dans le même temps, il étendit l'Empire vers l’ouest, englobant la majeure partie de ce qui constitue de nos jours la Thaïlande, jusqu’à la Birmanie, et, au nord, jusqu’à Vientiane (Laos).

En l'an 1181, Jayavarman VII fut sacré Roi suprême de l'Empire.

Nota : selon la légende, des inscriptions retrouvées sur les remparts d'Angkor Thom indiquent que : La citée, telle une jeune fille de bonne famille, bien assortie à son fiancé et brûlante de désir, ornée d'un palais de pierres précieuses et comme vêtue de ses remparts, fut épousée par le Roi et pris le nom de Mahānagara.

Nota : Mahānagara signifie « la grande citée » en sanskrit.

 

De la plaine d’Angkor, il ne reste aujourd’hui que les temples de pierres, vestiges religieux des anciennes capitales khmères qui se sont succédé dans cette région. Au Moyen-âge, pourtant, Mahānagara, fut la plus grande cité médiévale du monde, accueillant plus d'un million d'habitants.

Nota : entre 800 000 et 1200 000 habitants auraient vécu dans la riche plaine d’Angkor, représentant l’entreprise d’urbanisme la plus vaste édifiée par l’homme avant l’ère industrielle.

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Mahānagara (Sanskrit)

Mohä noko (Khmer)

មហា នគរ

Nota : Mahānagara était le nom sanskrit, qui fut traduit par Mohä noko, en vieux khmer, ce qui correspond à "grand royaume". En sanskrit, cela signifie « la grande cité ». Elle restera la capitale de l'Empire jusqu'au XIVe siècle.

 

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Preah Bat Jayavarman - VII  (1181 - 1215)

Prèr bat thïèye wèr'rroman - ti pram pi

ព្រះ បាទ ជ័យវរ្ម័ន - ទី៧

Nota : Nota : littéralement, le roi victorieux Thïèye et protecteur Wèr'rroman, considéré comme le plus grand bâtisseur de l'Empire Khmer.

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Angkor Thom

Prassat Angkor Thôm

ប្រាសាទ អង្គរ ធំ

Nota : selon les mêmes références que pour la signification d'Angkor, "Prassat Angkor Thôm" signifie : Temple-Grande-Ville-Capitale.

Angkor Thom, prit toute sa dimension par la création de sa muraille, l'érection du temple Bayon, et des nombreuses infrastructures qui furent créées sous le règne de Jayavarman VII.

 

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MURAILLE  D'ANGKOR THOM :

La muraille de l'enceinte d'Angkor Thom mérite de s'y attarder. D'une part, en découvrant les fonctions de ses cinq magnifiques et immenses portes. D'autre part, en découvrant les quatre bibliothèques situées aux angles intérieurs de l'enceinte, dont la vocation était d'accueillir tous les textes et livres sacrés.

 

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LES CINQ GOPURAS (1180) :

Gopura (Sanskrit)

Khlaong twouir (Khmer)

ខ្លោង ទ្វារ

Nota : Dans l'architecture hindoue, c'est un édifice à plusieurs niveaux d'élévation (cinq en général) faisant fonction de porte d'entrée pour l'enceinte d'un temple.

Khlaong twouir, n'est pas la traduction directe de "Gopura", mais de "porte monumentale avec fronton"... ce qui revient au même.

Angkor Thom a cinq gopura, quatre situés aux points cardinaux, plus un, appelé "Porte de la victoire". Découvrons leurs fonctions :

 

Porte de la Victoire (Est)

Khlaong twouir Thïèye

ខ្លោង ទ្វារ ជ័យ

Nota : lorsque les armées revenaient de la guerre, elles franchissaient la porte de la victoire, qu'elles soient victorieuses ou non. Et la parade militaire se déroulait devant la terrasse des éléphants.

 

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Porte des Fantômes (Est)

Khlaong twouir khmaoït

ខ្លោង ទ្វារ ខ្មោច

Nota ; littéralement la "porte des fantômes". Lorsqu'une personne décédait dans la citée, elle était évacuée par cette porte. Il faut savoir qu'une personne décédée est toujours considérée comme un fantôme (Khmaoït ខ្មោច) tant que le corps n'a pas été incinérée jusqu'au dernier os ; d'ou le nom. Traduit parfois en "porte de la mort".

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Porte du fleuve Om (Sud)

Khlaong twouir Tonelé ôm

ខ្លោង ទ្វារ ទន្លេ អុំ

Nota : littéralement, le fleuve des pagayages, en référence aux batailles navales (pirogues de guerre) dont nous connaissons aujourd'hui la forme festive avec les courses de pirogues sous le nom de "Om tou" អុំទូក, lors du festival des eaux.

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Porte du grand-père Kaeuw (Ouest)

Khlaong twouir Ta kaeuw

ខ្លោង ទ្វារ តា កៅ

Nota : sinistre porte, lorsqu'une personne avait commis une faute contre l'état, ou le roi, elle était envoyée à l'exécution par cette porte. Ta Kaeuw était probablement le nom du premier exécuteur...

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Porte des bonzes (Nord)

Khlaong twouir dèye tchnaing

ខ្លោង ទ្វារ ដី ឆ្នាំង

Nota : littéralement, la porte des pots en terre, en référence aux bonzes et mendiants qui venaient quémander de la nourriture avec leurs pots en terre, et solliciter aides de subsistances.

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LES QUATRE BIBLIOTHEQUES (1195) :

Ces quatre bibliothèques, nommée Haotraye en khmer (ហោត្រ័យ) accueillaient tous les livres sacrés et textes fondateurs de l'Empire. Elles sont situées à chaque angle intérieur de l'enceinte. Ainsi, aujourd'hui, on les désigne par leur position par rapport aux quatre angles (Chrung = Thïrrong ជ្រុង en khmer)... mais ce n'est pas surprenant puisque les khmers s'orientent toujours par rapport aux points cardinaux, même pour aller dans la pièce voisine...

 

Bibliothèque (pour textes sacrés)

Haotraye

ហោត្រ័យ

ou

Pane'nalaye

បណ្ណាល័យ

Nota : parfois désignée à tort, sous le nom commun "Pane'nalaye" qui correspond à de simples bibliothèques.

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Textes sacrés

Koumpi

គម្ពីរ

Nota : les textes sacrés (ou religieux) étaient écrits en Pâli, parfois en sanskrit, sur des feuilles de lataniers Daeum tréaing ដើម ទ្រាំង,

feuilles préalablement séchées et pressées (Slœk Rreut ស្លឹករឹត).
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Prasat Chrung sud-ouest

Prassat Thirrong Nirrodèye

ប្រាសាទ ជ្រុង និរតី

Nota : Correspond à "Bibliothèque Sud-Ouest".  Prassat = temple, Thirrong désigne le coin (angle de l'enceinte) et Nirrodèye = sud-ouest en Pâli. 

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Prasat Chrung Nord-ouest

Prassat Thirrong Pïr’yoap

ប្រាសាទ ជ្រុង ពាយព្យ

Nota : Correspond à "Bibliothèque Nord-Ouest". Pïr’yoap = nord-ouest en Pâli

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Prasat Chrung Nord-est

Prassat Thirrong Èyssane

ប្រាសាទ ជ្រុង ឦសាន

Nota : Correspond à "Bibliothèque Nord-Est".  Èyssane = nord-est en Pâli

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Prasat Chrung sud-est

Prassat Thirrong Akné

ប្រាសាទ ជ្រុង អាគ្នេយ័

Nota : Correspond à "Bibliothèque Sud-Est". Akné = sud-est en Pâli

 

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LES TEMPLES DE JAYAVARMAN VII :

Puis Jayavarman VII, le Roi bâtisseur, fit édifier une multitude de temples consacrés au bouddhisme mahāyāna, les divinités de la trimūrti hindouiste ne furent pas oubliée, mais occupèrent une place secondaire.

Les Shivaïtes n'acceptèrent que Bouddha domine le panthéon des dieux hindouistes Brahmâ, Vishnu et Shiva. Ils profitèrent du décès de Jayavarman VII pour détruites les figures de Bouddha ou les remplacer par des divinités hindouistes. Ce fut une courte période de chaos, sous le règne de Jayavarman VIII, durant laquelle de nombreuses sculptures à l'effigie de Bouddha ont été détruites, notamment à Ta Prohm, Preah Khan et Banteay Kdei. Puis ce fut le retour de la prédominance du Bouddhisme.  

Alors découvrons les temples bâtis sous le règne de Jayavarman VII :

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Thommanon (???)

Prassat Thoam'mèr'none

ប្រាសាទ ធម្មនន្ទ

Nota : littéralement, le temple des écritures saintes (religieuses). Le début de construction de ce temple est très controversé, certains l'attribuent au Roi Dharanîndravarman 1er (1107 - 1113), mais sa fonction finale et son nom sont probablement liés au règne de Javarman VII, puisqu'il fut utilisé principalement à cette période (à confirmer).

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Temple "Ta Prohm" (1186)

Prassat Ta prohm

 ប្រាសាទ តា ព្រហ្ម

Nota : Temple dédié au bouddhisme Mahayana, bien que son nom "Ta Prohm" corresponde, en vieux khmer, à "grand-père Brahmā".

Ce temple est certainement le plus énigmatique d'Angkor, monastère construit par Jayavarman VII comme une résidence pour sa mère, originellement appelé Rājavihara (រាជវិហារ, "monastère royal").

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Temple Ta Nei (±1187)

Prassat Ta Nèye

ប្រាសាទ តា នៃ

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Banteay Kdei (±1188)

Prassat Ban’tïrye Ka’dèye

ប្រាសាទ បន្ទាយ ក្តី

Nota : littéralement, la citadelle-monastère

 

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Temple "Preah Khan"  (début 1191)

Prassat Prèr Khane

ប្រាសាទ ព្រះ ខ័ន

Nota 1 : temple de "l’épée divine". Il a été construit par Jayavarman VII  en l’honneur à la résistance que les Khmers opposèrent à l’envahisseur Cham. En ce lieu, qui fut un important champ de bataille, la légende dit que le roi des Cham fut tué par l’épée. Ce temple accueillit la première université bouddhique.

Nota 2 : les bornes qui jalonnent l'entrée du temple Preak Khan, sont encore marquées par la destruction des effigies Bouddha par les Shivaïstes.

Nota 3 : sur les murs d'enceintes de ce temple des Garudas sont représentés en ronde-bosse. Le Garuda (Krrod គ្រុឌ en khmer) divinité hindouiste mi-homme mi-aigle, ennemi aérien naturel des nâgas, serpents des eaux et de la terre, est le symbole de la protection des Rois. Nâga et Garuda ne sont, en fait, que deux incarnations de Vishnou, les deux aspects de la substance divine, qui s'affrontent pour mieux se réconcilier.

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Temple "Neak Pean"  ( ± 1192)

Prassat Nïr Poane

ប្រាសាទ នាគ ព័ន្ធ

Nota : littéralement, les Nagas (Nïr នាគ) entrelacés (Poane ព័ន្ធ), temple dédié au bouddhisme Mahayana.

Le Naga est un être mythique de l'hindouisme, moitié humain et moitié serpent. Le plus souvent représenté par un cobra géant à plusieurs têtes. Le nāga est à la fois gardien et protecteur, médiateur entre ciel et terre. Selon la légende, Bouddha descend du ciel sur un escalier qui en forme d'arc-en-ciel, dont les rampes sont symbolisées par deux nāgas.

À Angkor-Thom, Prah Khan, Banteai Chma), les chaussées à balustrades en forme de nāga symboliseraient cet arc-en-ciel, avec Indra à leur extrémité (dieu de la Foudre et de la Pluie). Dans l'iconographie khmère, le nāga mâle a un nombre impair de têtes, tandis que les femelles en ont un nombre pair.

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Aménagement de Srah Srang (1192 - 1195)

Srrä Srrang

ស្រះ ស្រង់

Nota : bien que construit au milieu du Xe siècle, le débarcadère et le revêtement de grés des rives furent aménagés 150 ans plus tard, par Javarman VII. La légende dit qu'un sanctuaire de taille réduite, permettait au Roi de rejoindre ses maîtresses en cachette...

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Temple "Ta Som" (1192 - 1195)

Prassat Ta Saom

ប្រាសាទ តា សោម

Nota : temple dédié à Bouddha et à la Lune.

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Temple Ta Nei (1192 - 1195)

Prassat Ta Nèye

ប្រាសាទ តា នៃ

Nota : temple dédié à Bouddha et au Bouddhisme Mahāyāna (Prèr pout sasna moha yirne ព្រះ ពុទ្ធ សាសនា មហា យាន)

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Terrasse des éléphants  (± 1195)

Lirne thïouol dâmrrèye

លាន ជល់ ដំរី

Nota : cette terrasse, construite sous le règne de Javarman VII, est appelée "Terrasse des éléphants", du fait qu'elle permettait au Roi et à sa cour d'accueillir l'armée victorieuse et les chefs de guerre chevauchant leurs éléphants de combat. La légende dit également, que des cérémonies des combats d'éléphants se tenaient en ce lieu.

Les éléphants de guerre, ou de combat, étaient une arme majeure de l'Empire Khmer.

Lirne = esplanade, Thïouol = combat/attaque, Dâmrrèye = éléphant.

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Temple "Bayon" (début 1195 jusqu'en 1300)

Prassat Bayoane

ប្រាសាទ បាយ័ន

Nota : situé au centre d'Angkor Thom, le début de sa construction est datée vers la fin du XIIe. D'abord dédié à Bouddha, puis consacré au culte hindou, il fut remanié plusieurs fois jusqu'au XIVe siècle, en fonction des courant religieux.

Le plan primitif ne comportait pas le massif central tel qu'on le connait aujourd'hui, à sa place un complexe d’édifices sur un même plan accueillait les cérémonies bouddhiques.

Angkor Thom était si bien fortifiée que les successeurs de Javarman-VII trouvèrent plus simple de remodeler le Bayon plutôt que de construire, au même endroit, de nouveaux temples d'Etat.

Ainsi, au fil des ans, le temple s'enrichit de 54 tours, représentant les 54 provinces de l'Empire khmer (aujourd'hui au nombre de 37).

Beaucoup d'incertitudes sur la représentation des quatre visages, ce qui est le plus couramment admis, c'est qu'ils symbolisent soit le Dieu Brahmā, soit le roi Jayavarman VII.

Les fresques de ses bas-reliefs, de facture plus violentes qu'à Angkor Wat, se réfèrent également aux livres sacrés tels que le «Mahâbhârata».

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Terrasse du Roi lépreux (± 1195)

Lïrne Sadaït Khoumlong

លាន ស្តេច គម្លង់

Nota : réalisée sous le règne de Jayavarman VII, des créatures et démons mythologiques, tels les Nagas sont sculptés sur la paroi de la terrasse. Concernant l'origine du nom, c’est un vaste sujet qui fait encore débat. Pour certains, lorsque on a trouvée la statue qui ornait la terrasse, son état de décomposition donnait l'apparence de la lèpre.

Pour d'autres, et selon la légende, un roi atteint de la lèpre aurait existé… Ainsi,  le 15e roi de l'Empire, "Preah Bat SaingTïa" (ព្រះ បាទ ស័ង្ខចក្រ) qui accéda au trône en l'an 916 à l'âge de 14 ans, fut attaqué par un naga géant, outré qu'un si jeune personnage puisse gouverné et lui jeta son venin à la figure. Le roi en fut recouvert et attrapa la lèpre, d'où son nom. C'est en l'honneur de ce roi, qui dut abandonner ses fonctions suite à l'agression, que la statue fut érigée sur l'extrémité nord de la terrasse des éléphants, aujourd'hui connue comme étant la terrasse du roi lépreux.

La statue originale du roi lépreux est visible au Musée National de Phnom Penh, mais daterait du XIVe siècle.

Selon l'école française d'extrême orient (EFEO) la terrasse du roi lépreux aurait été construite sous  Jayavarman VIII, mais tous les textes en langue khmère mentionnent Jayavarman VII et confirment que ce n'est qu'une partie de la terrasse des éléphants ! 

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Temple Krol Kô (± 1200)

Prassat Krraol Kau

ប្រាសាទ ក្រោល គោ

Nota : littéralement, temple de l’étable.

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Prasat Preah Pithu  (± 1210)

Prassat Prèr  Pi'thou

ប្រាសាទ ព្រះ ពិធូរ

Nota : ensemble de cinq tours, dernières constructions sous le règne de Jayavarman VII.

 

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Spean Thma

Spirne Thmâ

ស្ពាន ថ្ម

Ce pont médiéval, littéralement, "le pont en pierre", construit par Jayavarman VII sur l'ancien cours de la rivière Siem Reap (qui coule désormais à 200 m de là) entre Angkor Thom et le Baray oriental, repose sur 14 arches à encorbellement. C'est l'un des nombreux vestiges de la "Voie Royale" qui reliait Sambor Prei kuk à Angkor, notamment le plus long et le plus majestueux, nommé Spean Praptos.

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Spean Praptos
Spïrne Prrap tau

ស្ពាន ប្រាប់ ទោស

Nota : littéralement, pont du jugement.

ou encore 

Spean Preah Toes 

Spïrne Prèr Teu
ស្ពាន ព្រះ ទិស

ou encore 

Le pont des Nagas

Spïrne Nïr

ស្ពាន នាគ

Nota : selon les différents textes, plusieurs noms servent à désigner ce pont de la "Voie Royale", situé à Kâmpong Ka'dèye à 45 km à l'est de Siem Reap, sur la RN6.

 

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Preah Bat Indravarman - II  (1215 - 1243)

Prèr bat Œntrèr wèr'rromane - ti pi

ព្រះ បាទ ឥន្ទ្រវរ្ម័ន - ទី២

Nota : avant dernier bâtisseur à Angkor, il contribua à l'expansion (ou à l'achèvement) de certains des temples de Jayavarman VII ; notamment en érigeant les murs d'enceinte autour des temples : Ta Prohm, Banteay Kdei, Ta Som, et Ta Nei.

Bouddhiste convaincu, la paix régna dans son royaume, mais l'Empire perdit le contrôle du Champa et le nord du Siam.

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Prasat Suor Prat - Sud (± 1240)

Prassat Sour proat khaing te’bong

ប្រាសាទ សួរព្រ័ត្រ ខាង ត្បូង

Nota : construit sous le règne d'Indravarman II, cet ensemble de douze petites tours est situé en face la terrasse des éléphants.

Selon la légende, ces tours servaient à départager les personnes en conflit, où ils étaient soumis au "jugement céleste".

Zhou Daguan décrit leur fonction ainsi : Lorsque deux personnes avaient un différent, sans que l'on sache qui ait tort ou raison ; les protagonistes étaient enfermés dans l'une de ces tours. Après plusieurs jours (semaines ?), ils étaient autorisés à sortir. Celui qui avait tort ne manquait pas d'attraper une maladie et était conduit directement en prison, alors que celui qui avait raison en sortait indemne, et était libéré.

 

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Temple Top - Est  (± 1210)

Prasat top - kaeut

ប្រាសាទ តុប​ - កើត

Nota : connu également sous le nom Mangalârtha (sanskrit).

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Tep Pranam

Prassat Tép Prrônâme

ប្រាសាទ ទេព ប្រណម្យ

Nota : temple de la prière aux divinités, les fidèles s'agenouillaient pour prier, les mains jointes à hauteur des sourcils. Le sanctuaire, aujourd'hui disparu, a été remplacé par une statue de Bouddha.

Tép ទេព est un mot sanskrit signifiant Dieu. Prrônâme ប្រណម្យ est aussi un mot sanskrit qui signifie saluer en s'inclinant.

Ce temple fait l'objet de nombreuses controverses, tant sur son origine, l'année de construction, que sur sa destination... Aujourd'hui, la statue du Bouddha assis est érigée sur les ruines des fondations.


 

 

Déclin & Abandon d'Angkor 1431.

La plaine d'Angkor fut abandonné définitivement en 1432... seuls quelques bonzes restèrent dans les temples d'Angkor Wat et d'Angkor Thom.

Selon Dan Penny (professeur-chercheur à l'université de Sydney: la série d'inondations qui frappa l'ancienne ville d'Angkor, durant la seconde moitié du XIVe siècle, aurait submergé et détruit son vaste réseau d'eau ; cela pourrait-être une explication à la chute de la plus grande ville médiévale du monde.

Selon Christophe Pottier (Architecte à l'Ecole Française d'Extrême-Orient) le système hydraulique, qui fut le principal moteur de l'expansion d'Angkor, aurait atteint une telle complexité qu'il était impossible de le maintenir en l'état, ce qui aurait impacté la viabilité de la citée.

Mais, le système hydraulique, fondement de la puissance et de la chute d'Angkor, ne peut pas expliqué, à lui seul, la disparition de l'Empire Khmer.

Certains disent, que la cité n'a peut-être finalement pas connu d'effondrement catastrophique, elle aurait plutôt été abandonnée peu à peu par ses habitants épuisés par les guerres et leurs défaites, les rivalités de successions et leurs déchirements.

Certains disent également, que le déclin commença avec l'avènement du "Roi au concombres doux" qui accéléra la progression du bouddhisme au détriment de l’hindouisme.

Ce changements culturel généra rapidement une désintégration de l’unité de l'Empire khmer. Le roi, jusque-là d’essence divine et considéré comme un intermédiaire entre les hommes et les cieux, n'était plus qu'un simple mortel.

Le peuple fut désemparé.

A partir de ce règne, le Sanskrit cessa d’être utilisé dans les inscriptions et dans le culte au profit du Pâli. La construction des temples fut arrêtée, le but n’étant plus de construire des temples montagnes pour obtenir la protection des dieux, mais de suivre la conduite plus ou moins vertueuse de leur roi...

Légende du "Roi aux concombres doux"

Mais revenons à ce fameux "Roi aux concombres doux".

La légende dit qu'en 1323 qu'un jardinier nommé Chay (Tïaye ចាយ) était le chef des jardins royaux du roi Jayavarman IX Parameçvara. Chay était issu de l’union d’un ermite du Phnom Kulen et d’une paysanne Samrê. Son habileté à cultiver des concombres doux lui valut le titre de « chef des concombres sucré » (Neay Trasac Paem = Nirye Trrossa Paème en phonétique exacte).

Le roi, lui avait demandé de réserver la production pour sa consommation personnelle, et lui confiat une lance pour protéger les récoltes.

Une nuit, le roi qui voulait éprouver le zèle de son jardinier, se faufila dans le jardin. Chay, voyant une ombre passer, lança son arme et blessa mortellement son souverain.

Chay prit le Roi dans ses bras et le porta jusqu'au palais.

Avant de succomber, le monarque exigea que le jardinier ne soit pas inquiété, car il n’avait fait qu’obéir aux ordres et ne pouvait être tenu pour responsable de l’imprudence du roi.

Le souverain décédé ne laissant aucun héritier, les Brahmanes ne purent s’accorder sur le nom du successeur et décidèrent de s’en remettre aux divinités.

Une cérémonie fut organisée, les plus éminents membres de la noblesse que l’empire comptait furent conviés. Et l'éléphant sacré fut invité à choisir l'élu.

Mais le pachyderme négligea cet aréopage et se tourna vers la foule venue assister aux festivités. Il s'approcha de celui qui portait encore l'odeur de son roi et désigna un anonyme qui s’avéra être le jardinier.

Les dignitaires acceptèrent de mauvais gré ce monarque d’extraction modeste et, devant leur hostilité, le nouveau roi quitta Angkor pour une résidence qu’il se fit construire proche de Banteay Samré, où se situait la maison de sa mère. Néanmoins, cet éloignement ne mit aucunement fin aux pratiques diffamatoires et ce n’est qu’après avoir fait décapités les fidèles de son prédécesseur que Chay put débuter un règne qui se révélera sans histoire.

Le roi Norodom Sihanouk se plaisait à dire qu’il était un direct descendant du "roi aux concombre doux".

Et pour donner encore plus de légitimité à cette légende, la rue N°63, à Phnom Penh, se nome "Witïèye Preah Trossa ph’aèm" (វិថី ព្រះត្រសក់ ផ្អែម), littéralement la "rue du roi aux concombres doux".

À la fin du XVIe siècle, la citée d'Angkor, vaincue, totalement abandonnée, fut engloutie par la jungle. Ainsi l'histoire de l'Empire garde encore une certaine part de mystère...

Kroussar

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